.\'.PHARE LOGE VIRTUELLE.\'.

La Voix de la Fraternité

Emission Radiophonique du GODH de 1824

Membre de la Confédération Maçonnique Interaméricaine (CMI)

et de la Conférence Mondiale des Grandes Loges Régulières

Thème du jour : Entre Etre et Paraître

(VersionGODH de 1824)

Entre Etre et Paraître ou Quelques réflexions sur la titulature des grades et des fonctions en Franc-maçonnerie

Chères auditrices, chers auditeurs, chers frères de l'obédience régulière d'Haïti, du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest, chers collègues du Conseil Exécutif,

Nous allons aujourd'hui partager avec vous quelques réflexions sur l'Etre et le Paraître dans le cas spécifique de la titulature des grades et des fonctions en regard des principes de la Franc-maçonnerie de qualité.

Qu'entend-on par Titulature ?

La titulature, c'est l'ensemble des tires que portaient les souverains et les dignitaires. A Rome par exemple, Néron a porté les titres d'IMPERATOR (celui qui détient l'imperium ), de AVGVSTVS (titre décerné à Octave en 27 av. J.-C. à l'initiative de Munatius Plancus et qui conférait un caractère sacré à son détenteur), de DIVI AVGVSTI ABNEPOS (arrière-arrière-petit-fils du divin Auguste), de PONTIFEX MAXIMVS (Très Grand Pontife, cette dignité de prêtre suprême de la religion romaine avait été revêtue par César puis par Auguste et tous ses successeurs), de TRIBVNICIA POTESTATE DVODECIMVM (titulaire de la puissance tribunicienne douze fois), d'IMPERATOR DECIMVM  (Acclamé chef victorieux dix fois), de CONSVL QVARTVM (Consul quatre fois), de PATER PATRIAE ( Père de la Patrie), de DIVUS (divin)[1].

Il en était de même en Egypte. Les Pharaons étaient désignés dans les textes et inscriptions par cinq « Grands Noms » (rn wr)[2], chacun formé d'un titre suivi d'un nom proprement dit. Ces cinq Grands Noms définissaient la nature royale et constituaient en même temps une idéologie du pouvoir. A son avènement, le « Pharaon » se manifestait par ses titres et se définissait par ses noms. Les cinq noms royaux représentaient un « programme politique » que se fixait le pharaon au moment de son accession au trône.
Le pharaon était l'Horus, le Nebty, l'Horus d'Or, le Roi de Haute et Basse Egypte (Maître des Deux Terres), le fils de RA etc.

Dans les Ecoles de Mystères, Hermès était connu comme Hermès Trismégiste qui signifie en grec Hermès trois fois Grand.

Les Sultans Ottomans ont dans leur titulature, les titres de Khan et de Calife.

Au Moyen-âge, en Europe, la titulature était l'ensemble des titres portés par une personne ou une maison ou une famille (titres nobiliaires). C'est ce même sens qu'ont conservé les différents dictionnaires qui font venir le mot titulature du latin titulus qui signifie intitulé, titre.

Pour nous autres Francs-maçons, notre titulature est bien particulière et comporte la titulature des grades et celle des fonctions.

C'est leur signification spirituelle qui nous intéresse aujourd'hui.

Chères auditrices, chers auditeurs, chers frères de l'obédience régulière d'Haïti,

Le Grade maçonnique, c'est le Paraître. Le Degré maçonnique, c'est l'Etre.

Il faut d'abord atteindre le degré, c'est-à-dire le Niveau d'Evolution avant d'avoir le Grade, c'est-à-dire le Paraître (Ressemblance, Image).

C'est en Etant le degré que l'on peut devenir ou avoir l'image et la ressemblance du degré. Il faut d'abord Etre avant de Paraître (Pour Etre) ou d'Avoir.

« Singer » un degré, un grade ou une fonction, c'est du mimétisme. C'est du théâtre de mauvaise qualité où l'on ne peut poser des Actes qui reflètent un Etat d'Ame avancé ou un niveau d'évolution qualitatif.

Avoir (A - Voir ) un grade, c'est le posséder à distance, c'est le regarder à vue.

Etre un grade, c'est l'assimiler à Soi, c'est atteindre un degré, c'est agir lumineusement et progressivement, ce qui demande un travail ardu et gnostique sur sa pierre brute.

Le Paraître n'est pas définitif, c'est une imposture que des gestes, des actes et des comportements trahissent  tôt ou tard.

L'Etre est Harmonie, Silence, Musique et Vérité.

L'Avoir et le Paraître, c'est le bruit, le tapage, le mensonge.

L'Etre, c'est le devoir et les responsabilités. L'Etre est protocolaire.

Le Paraître, c'est l'insouciance dans l'irresponsabilité. Le Paraître est anti-Protocolaire.

La titulature maçonnique « enorgueillit » beaucoup de membres de l'Ordre… Il y a cependant des raisons profondes qui explique le choix des titres que nos rituels attribuent à différents grades et fonctions.

Prenons au hasard quelques uns tirés des différents degrés du REA et A :

Vénérable Maître 

Le mot Vénérable dérive des mots latins Veneratio, Venerabilis, Venerem, Venerari, Venus qui signifient respecter, désirer et qui a pris le sens de « action de bien vouloir », de « adresser une demande aux dieux ».

Le mot Maître dérive de la racine indo-européenne Mag qui signifie grand, noble.

En conséquence, le Vénérable Maître est celui qui possède un grand et noble désir de s'adresser aux dieux, dans notre cas aux Maîtres Cosmiques de la Jérusalem Céleste (la ville carrée), au Grand Architecte de l'Univers, dont le Temple Maçonnique, le carré long est l'emblème terrestre de la Jérusalem d'en haut.

On juge aussi un Maître par sa ou ses capacités à être utiles aux autres…

Prince du Liban

Le Prince est le fils du Roi et ce dernier est celui qui « dirige en ligne droite ». Si le Roi est le « rector », c'est à dire celui qui régit, le guide, le chef, il est aussi celui qui « corrige », c'est à dire celui qui redresse, réforme et aussi celui qui « érige », c'est à dire celui qui dresse, qui met debout...

Le Liban étant la terre royale où pousse le Cèdre, le Prince est celui qui possède par naissance (par principe) et par rang, les privilèges de la royauté.

En conséquence, le Prince du Liban est celui qui cherche à se tenir sur « le droit chemin », qui se « corrige » et qui « érige », à l'aide du bois sacré qu'il a lui-même coupé, c'est à dire travaillé grâce à l'Art Royal, la construction d'un nouveau Temple...

Le Prince du Liban est donc un Charpentier tout comme le fut Joseph, père du divin Prince. D'ailleurs, à l'époque du Targoum nous dit Jean Tourniac, « il y avait un adage qui voulait qu'à l'occasion d'une difficulté d'exégèse de l'Ecriture, l'on s'interroge ainsi : N'y a t-il parmi nous un charpentier ou fils de charpentier capable de résoudre ce problème ».

Chef du Tabernacle

Le mot Chef dérive des mots latins Caput, Capitis, qui signifient « tête », « commencement » etc.

Le Chef du Tabernacle est donc la tête du Tabernacle et le Tabernacle n'est autre que le lieu sacré où, d'après la légende du grade, se trouve conservé l'Arche d'Alliance.

En conséquence, le Chef du Tabernacle est donc celui à qui on rappelle qu'il est la « tête dirigeante » de son corps (son tabernacle) et que cette vérité est le « commencement » de son évolution.

Très Illustre Frère

L'adjectif illustre provient d'une racine latine, luz, signifiant lumière. Quelqu'un d'illustre est quelqu'un éclairé par la lumière et non enténébré par l'obscurité.

Prévot et Juge

Le mot juge émane aussi d'une racine indo-européenne qui exprime l'idée de montrer (du latin Judex.  Jus signifie droit, justice et la racine dex (deik) que l'on retrouve dans index signifie  montrer). Le juge, c'est d'abord celui qui montre la règle, qui dicte les bonnes choses, les bénédictions et les choses justes, comme la justice qui est également la justesse des propos et de la conduite. Un juge au point de vue maçonnique n'est donc pas un distributeur de sanctions qui se croyant parfait juge les autres à la petitesse de ses croyances fallacieuses.

Comme vous avez pu le constater, Tout est symbole en Franc-maçonnerie.

La titulature des grades en Franc-maçonnerie définit un parcours, un cheminement, une réalisation, le résultat positif, suite logique des grades conférés qui viennent déterminer dans l'extérieur l'état d'Etre atteint dans l'intérieur.

L'arcane (le caché) devient donc public…

L'intérieur se reflète dans l'extérieur car celui qui est beau (la beauté) intérieurement reflète la beauté. Celui qui est pur reflète la pureté. Celui qui est lumineux reflète la lumière.

Il n'y a pas de faux en Franc-maçonnerie et en Sciences initiatiques.

Il est donc important de bien comprendre ces notions qui empêcheront certaines dérives que l'on constate de nos jours.  D'où la nécessité d'une éthique maçonnique.

Un franc-maçon de qualité, Un homme de bien, Un homme vertueux est avant tout ce qu'il est éthiquement.

La titulature maçonnique est une « manière d'être », c'est un Savoir-Etre qui influence positivement le Franc-maçon titulaire de grades ou de fonctions.

Pour le Franc-maçon de qualité, la titulature maçonnique ne constitue pas un objet de vanité mais définit plutôt, un objectif à atteindre, une image à dessiner avec le même art qu'a utilisé le GADLUN pour « buriner » le monde.

Les usurpateurs de titre et de qualité, malgré leurs efforts, ne sauront ni ne pourront jamais incarner les vertus implicites à la titulature des grades et des fonctions de notre Honorable Fraternité.

Merci de votre écoute. J'ai dit.

Gaétan Mentor

Jeudi 30 avril 2009